Dieu seul
Le Samedi saint nous ouvrons notre veillée avec l’Exultet « qu’éclate dans le ciel la joie des anges, la joie du monde » etc. Pourquoi cet éclat de joie? Le Christ est ressuscité, le Christ a vaincu la mort. Alléluia! Les archéologues et les anthropologues ont trouvé que dans plusieurs civilisations les gens enterraient leurs morts avec de la nourriture ou avec son animal préféré pour qu’un jour, s’il se réveille, il ait de quoi manger. Aujourd’hui le Christ est ressuscité, victoire sur la mort. Cela est dur à comprendre surtout pour les hommes d’aujourd’hui qui se fient à la raison. Dans l’Évangile de ce dimanche, la seule preuve qui nous est fournie est un tombeau vide. Et où est le Seigneur? Marie Madeleine arrive la première et constate que la pierre est roulée. Face à ce tombeau ouvert, elle rapporte aux apôtres : « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis ».
« Nous ne savons pas où on l’a mis… » Marie Madeleine dit là quelque chose d’essentielle : « nous ne savons pas ». Paradoxalement, c’est un bien que de ne pas savoir car il ne s’agit pas de savoir mais de croire. La résurrection n’est pas une connaissance à acquérir, mais un regard différent à poser sur le monde. Croire cela veut dire : s’ouvrir à une autre façon de voir le monde. La foi, c’est un regard divin sur le monde!
Face à la même réalité, deux regards sont possibles : le regard avec la foi et le regard sans la foi. Pour le dire autrement : le regard de Jean ou le regard de Pierre. PIERRE entre dans le tombeau, voit les linges gisant à terre, ainsi que le suaire qui couvrait la tête de Jésus. Il voit rigoureusement ce qui est visible ; il voit ce qui tombe sous le regard. Et ce qu’il voit, c’est l’absence. JEAN, lui, se penche. Geste qui fait penser à une prostration. Et il contemple le linceul resté là. Son regard illuminé par l’amour scrute l’invisible. Et l’évangéliste de nous donner ses paroles absolument extraordinaires : « IL VIT …ET IL CRUT »! Mais qu’est-ce qu’il a vu? Et bien, il a vu la même chose que Pierre! Mais Jean a pressenti la présence cachée au creux de l’absence.
Je pense que chacun de nous passe par cette double approche. Par la raison, nous ne voyons que l’évènement brut. À ce qui est observable. Ce que nous oublions, c’est que seul, l’esprit illuminé par la foi peut voir l’invisible. Seule la foi permet de voir dans ce
tombeau vide la victoire du vivant sur la mort et le péché.
Joyeuses Pâques!
Abbé Pascal Nizigiyimana